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testine, comme un péché et un crime. Après avoir ébranlé la base de cette unité imparfaite mais réelle — la monarchie papale — les nations modernes ont dû cependant donner un surrogat à l’idée de la chrétienté catholique — dans la fiction de l’équilibre européen. Sincèrement ou non, la paix universelle est reconnue de tout le monde comme le vrai but de la politique internationale.

Il faut donc constater deux faits également évidents : 1°) il y a une conscience générale de la solidarité humaine et un besoin de l’unité internationale, de la pax christiana ou si l’on préfère — humana ; 2°) cette unité n’existe pas actuellement, et le premier des trois problèmes sociaux est aussi peu résolu de nos jours qu’il l’était dans le monde ancien. La même chose est vraie pour les deux autres problèmes.

La solidarité universelle suppose que chaque élément du grand tout — chaque nation, chaque société et chaque individu — a non seulement le droit d’exister, mais possède encore une valeur propre et intrinsèque qui ne permet pas d’en faire un simple moyen du bien-être général. L’idée positive et vraie de la justice peut être exprimée par la formule suivante : chaque être particulier (tant collectif qu’individuel) a toujours une place pour soi dans l’organisme universel de l’humanité. Cette justice posi-