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DU PACIFISME ET DU MOT D’ORDRE DE PAIX


L’état d’esprit des masses en faveur de la paix exprime souvent le début d’une protestation, d’une effervescence et de la conscience qu’elles ont de la nature réactionnaire de la guerre. Profiter de cet état d’esprit est le devoir de tous les social-démocrates. Ils prendront la part la plus énergique à tout mouvement et à toute manifestation sur ce terrain, mais ils ne tromperont pas le peuple en admettant l’idée que, en l’absence d’un mouvement révolutionnaire, la paix devient possible sans annexions, sans oppression des nations, sans pillage, sans le germe de nouvelles guerres entre les gouvernements actuels et les classes dirigeantes. Tromper ainsi le peuple ferait purement et simplement le jeu de la diplomatie secrète des gouvernements belligérants et de leurs plans contre-révolutionnaires. Quiconque désire une paix solide et démocratique, doit s’affirmer pour la guerre civile contre les gouvernements et la bourgeoisie.


DU DROIT DES NATIONS A DISPOSER
D’ELLES-MÊMES


La mystification du peuple la plus largement pratiquée par la bourgeoisie dans cette guerre, est qu’elle camoufle ses fins de brigandage derrière l’idée de « libération nationale ». Les Anglais promettent la liberté à la Belgique ; les Allemands à la Pologne, etc. En réalité, nous l’avons bien vu, c’est une guerre des oppresseurs de la majorité des nations du monde pour consolider et étendre cette oppression.

Les socialistes ne peuvent atteindre leur grand but, sans lutter contre toute oppression des nations. Aussi doivent-ils exiger absolument que les partis social-démocrates des pays qui oppriment (dits les « grandes » puissances, en particulier) reconnaissent et défendent le droit des nations opprimées à disposer d’elles-mêmes, précisément dans l’acception politique du mot, c’est-à-dire le droit à la séparation