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garde des intérêts de classe particuliers au prolétariat. Reporter l’appréciation de cette guerre, progressive-bourgeoise et de libération nationale, sur le terrain de la guerre impérialiste de nos jours, c’est se moquer de la vérité. Il en va de même, de façon encore plus frappante, pour la guerre de 1851-1855 et pour toutes les guerres du XIXe siècle, lorsqu’il n’y avait ni impérialisme actuel, ni conditions objectives déjà mûres du socialisme, ni partis socialistes de masse dans tous les pays belligérants, c’est-à-dire que les conditions faisaient défaut, dont le manifeste de Bâle tirait la tactique de la « révolution prolétarienne » en relation avec la guerre entre les grandes puissances.

Invoquer aujourd’hui l’attitude de Marx vis-à-vis des guerres de l’époque de la bourgeoisie progressive et oublier les paroles de Marx : « Les ouvriers n’ont pas de patrie », paroles qui se rapportent justement à l’époque de la bourgeoisie réactionnaire qui avait fait son temps, à l’époque de la révolution socialiste, c’est déformer cyniquement Marx et substituer au point de vue socialiste le point de vue bourgeois.


LA FAILLITE DE LA IIe INTERNATIONALE


Les socialistes du monde entier ont déclaré solennellement en 1912, à Bâle, qu’ils considèrent la future guerre européenne comme une entreprise « criminelle » et ultra-réactionnaire de tous les gouvernements, entreprise qui doit hâter le naufrage du capitalisme, en provoquant inévitablement la révolution contre ce dernier. La guerre est venue, la crise a éclaté. Au lieu de la tactique révolutionnaire, la majorité des partis social-démocrates réalisent une tactique réactionnaire et se rangent aux côtés de leurs gouvernements et de leur bourgeoisie. Cette trahison contre le socialisme marque la faillite de la IIe Internationale (1889-1914), nous devons donc nous rendre compte de ce qui a déterminé cette faillite, à quoi est dû le social-chauvinisme et ce qui lui donne de la vigueur.