Parfois, une langueur monte de l’herbe et plane :
Les violettes ont salué Viviane.
Sa robe a des lueurs de perles et d’argent,
Son front est variable et son cœur est changeant.
Son pouvoir féminin s’insinue à la brune :
Elle devient irrésistible au clair de lune.
Des pâtres ont cru voir, de leurs yeux ingénus,
Des serpents verts glisser le long de ses bras nus.
À minuit, la plus belle étoile la couronne ;
Parfois, elle est cruelle et parfois elle est bonne.
Et Viviane est plus puissante que le sort ;
Elle porte en ses mains le sommeil et la mort.
Plus que l’espoir et plus que le songe, elle est belle.
Les plus grands enchanteurs sont des enfants près d’elle.
Dans ses bras, la mémoire est un rêve aboli.
Son magique baiser est plus froid que l’oubli.
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