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Dans ce jardin où nul ne promène jamais
Son importun loisir et sa mélancolie,
Près de ces lys sans fraîche odeur et qu’on oublie,
Taisons-nous, comme au temps lointain où je t’aimais…

Assises toutes deux, pareillement lassées,
Sous les vieux murs que les vieux soleils font moisir,
Et n’ayant plus en nous la force du désir,
Évoquons la douceur des tristesses passées.

Ici, les jeunes pas se font irrésolus…
Il n’est d’harmonieux, de prenant, de suave,
Que les femmes qui vont avec des yeux d’esclave,
Qui vous aiment encore et que l’on n’aime plus.

Puisque ici l’herbe seule est folle et vigoureuse,
Attardons-nous et rassemblons nos souvenirs.
Retrouves-tu les jours dorés, les longs loisirs,
Les fêtes où fusait ton rire d’amoureuse ?