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Du moins, j’aurai connu la splendeur sans limite
De la couleur, de la ligne, de la senteur…
J’aurai vécu ma vie ainsi que l’on récite
Un poème, avec art et tendresse et lenteur.

Mes mains gardent l’odeur des belles chevelures.
Que l’on m’enterre avec mes souvenirs, ainsi
Qu’on enterrait avec les reines leurs parures…
J’emporterai là-bas ma joie et mon souci…

Isis, j’ai préparé la barque funéraire
Que l’on remplit de fleurs, d’épices et de nard,
Et dont la voile flotte en des plis de suaire…
Les rituels rameurs sont prêts… Il se fait tard…

Sous la protection auguste de tes ailes,
Ô Déesse ! j’irai vers les prés sans avril...
Je partirai, parmi les odes fraternelles,
Sur un fleuve plus large et plus noir que le Nil.