Psappha revit et règne en nos corps frémissants ;
Comme elle, nous avons écouté la sirène,
Comme elle encore, nous avons l’âme sereine,
Nous qui n’entendons point l’insulte des passants.
Ferventes, nous prions : « Que la nuit soit doublée
Pour nous dont le baiser craint l’aurore, pour nous
Dont l’Érôs mortel a délié les genoux,
Qui sommes une chair éblouie et troublée… »
Et nos maîtresses ne sauraient nous décevoir,
Puisque c’est l’infini que nous aimons en elles…
Et puisque leurs baisers nous rendent éternelles,
Nous ne redoutons point l’oubli dans l’Hadès noir.
Ainsi, nous les chantons, l’âme sonore et pleine.
Nos jours sans impudeur, sans crainte ni remords,
Se déroulent, ainsi que de larges accords,
Et nous aimons, comme on aimait à Mytilène.
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