Voyant tomber la nuit, nous nous sommes assises,
Pour sentir la fraîcheur amicale des brises.
Puisque nous n’étions plus seules dans l’univers,
Nous goûtions avec plus de langueur les beaux vers.
Chère, nous hésitions, sans oser croire encore,
Et je te dis : « Le soir est plus beau que l’aurore. »
Tu me donnas ton front, tu me donnas tes mains,
Et je ne craignis plus les mauvais lendemains.
Les couleurs éteignaient leur splendide insolence ;
Nulle voix ne venait troubler notre silence…
J’oubliai les maisons et leur mauvais accueil…
Le couchant empourprait mes vêtements de deuil.
Et je te dis, fermant tes paupières mi-closes :
« Les violettes sont plus belles que les roses. »
Les ténèbres gagnaient l’horizon, flot à flot…
Ce fut autour de nous l’harmonieux sanglot…
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