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sait une fleur de glace et de givre. Et je m’éblouissais de sa beauté hivernale.

… Par un soir raboteux de verglas, je vins à passer devant la maison d’Ione, une maison fermée aux bruits du dehors, autant qu’un logis de solitaire.

Et le désir de revoir la douce amie de mon passé sans amour m’étreignit. Non sans quelque hésitation, — car le silence de toute la demeure me déconcertait un peu, — je sonnai à la grille dédorée et franchis le seuil d’Ione.

Je la trouvai, comme toujours, effroyablement méditative. Son front démesuré mettait une grande lueur blanche dans la chambre crépusculaire.

Longtemps, elle me baigna de ses yeux inoubliablement tristes et tendres. Je m’efforçai de déchiffrer son regard, mais ma raison s’y perdait, ainsi qu’en un abîme.

« Je t’en prie, » murmurait sa voix très basse,