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Peut-être saurez-vous aussi un jour le poignant orgueil d’aimer sans qu’on vous aime. Il y a une mélancolique fierté à se dire : Mon amour est assez grand pour ne rien exiger, pour ne rien vouloir. Il se nourrit de sa propre substance et porte en lui-même sa ténébreuse joie… »

Doriane secoua sa belle tête véhémente. Elle répéta :

« Elle m’aimera, puisque je l’aime d’un amour si volontaire ! »

Et je lui dis :

« Puissiez-vous ne point échouer, Doriane !

— Je vais la rejoindre, » me jeta-t-elle.

Elle s’éloigna.

Je restai à cette même place. Et, soudain, j’entendis un bruit de branches écartées. Lorély riait devant moi.

« Tu as l’air ébahi. Rien n’est aussi niais que l’étonnement… Il ne faut jamais te sur-