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Je souris avec tristesse.

« Je la forcerai à m’aimer, » continua Doriane. « Je surprendrai, je violenterai son âme. Je lui imposerai mes sanglots et mes songes. Elle ne m’échappera point. Je me transformerai pour lui plaire : je deviendrai tout ce qui la séduit. Je serai patiente indiciblement… J’apprendrai toutes les ruses. Je devinerai ce que cachent ses regards ; je serai inlassable à l’épier, à la suivre. Elle m’aimera, malgré elle, parce que je l’aime.

— Puissiez-vous être aimée de Lorély, Doriane ! Il y aura tant de joie dans ma douleur, lorsqu’elle me dira : « J’aime selon mon rêve… » !

— Je ne vous comprends pas, » dit l’impétueuse Doriane. « Il fallait vous faire aimer, il fallait lutter avec plus d’énergie, comme je lutterai, moi, sans jamais m’avouer vaincue.

— Autrefois, j’espérais et je m’obstinais…