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songères. On doit la sincérité aux grandes douleurs…

Doriane lisait mes pensées, car elle ajouta :

« Je souffre : donc, j’ai droit à la vérité absolue. Elle seule peut me secourir. Il ne faut point me la refuser.

— Je ne vous tromperai point, » promis-je. « Je vous aiderais même, si je le pouvais… Je souffre plus encore de voir Lorély errer, le cœur vide, que je ne souffrirais de la savoir irrémédiablement éloignée de moi par un véritable amour. »

Doriane m’écoutait, très pâle.

« Je veux qu’elle m’aime, » siffla-t-elle entre ses dents serrées.

Mon geste de découragement lui répondit.

« Rien ne comblera jamais son cœur.

— Mais l’amour peut tout, » interrompit Doriane. « Il est tout ensemble la persuasion et la contrainte. Il est irrésistible. »