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Elle rit, en me voyant, d’un rire musical et fêlé.

« Je ne te reconnais pas, » dis-je. « Tu es belle, d’une manière différente.

— Je suis autre, en effet, » me jeta Lorély. « Tu ne connais point encore mon âme nocturne. Je ne sais point être moi-même, tant que dure le jour. Mais, la nuit, ma personnalité s’exaspère et s’affine. Je suis moi, pleinement, dans ma sagesse et dans ma folie. Je te l’ai dit autrefois : ce qui, pendant le jour, semble déraisonnable, devient logique à l’approche des ténèbres. La nuit, tout est extraordinaire. Et le plus médiocre des humains peut vivre son heure d’irréel. Viens… »

Je ne l’avais jamais vue aussi désirable. L’éclairage flottant révélait toute sa grâce de songe, faite pour être contemplée à la lumière de la lune et des étoiles.

« La nuit est à nous, » dit Lorély. « D’autres