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« Je m’ennuie… Je m’ennuie tant, que je me surprends quelquefois à regretter l’absence de mon époux. Pleurerais-je s’il tombait là-bas, en Terre-Sainte ? Je ne le crois point. Mais ici je m’ennuie à en mourir. Je suis lasse de contempler tour à tour le vol des nuages et les enluminures de mon missel. Je suis lasse d’imaginer des péchés innombrables, afin de les confesser au bon moine dont l’embarras naïf me réjouit. Mon page est un enfant nigaud, aux joues luisantes et rouges. Je pourrais réciter d’un bout à l’autre les histoires, trop souvent entendues, que m’égrènent mes quatre suivantes… Celles-ci, d’ailleurs, sont bien sottement ingénues. En vérité, je m’ennuie mortellement… »

Lorély était, tour à tour, une princesse byzantine, un jeune seigneur anglais dont François Ier aurait remarqué le port élancé et les beaux habits au camp du Drap d’Or, une infante maladive et cruelle, un ménestrel errant, sans autre ri-