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sens humble et tendre infiniment… Enfin, je ne pense plus…

— Oui, oui, ne pense plus, mon amie chère… Aime quelqu’un, aime quelque chose. L’amour est moins funeste que la pensée. »

Ione s’éloigna un peu.

« Je n’ai jamais aimé et jamais je n’aimerai un être humain qui serait aussi faible, aussi lamentable que moi-même. Ce que je désire éperdument, c’est le divin… Je veux un amour qui jamais ne soit trompé ni déçu, un amour sans fin et sans bornes, un amour surnaturel. Je veux la foi. »

Le visage d’Ione blêmissait à travers le crépuscule. Elle considérait fixement ses mains, de la couleur des anciens ivoires. C’était, chez elle, une habitude maladive de contempler ses mains pendant des heures.

Une femme voilée passa auprès de nous. Elle poursuivait sa route en tâtonnant.