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« Voici une flûte, » dit-elle. « Chante-moi, puisque tu m’aimes… »

Je pris le roseau : j’essayai de le tailler, de l’animer de mon souffle. Peines perdues : le roseau demeura muet. Et je dus avouer ma défaite :

« Je ne sais point te chanter, Lorély. »

Elle me bouda, en un dépit ravissant.

« Comment t’aimerais-je, puisque tu ne sais point me chanter ? »

Elle rentra sous le petit bois magique. Le soleil vivifiait ses pâles cheveux et ses pieds étincelaient dans l’herbe. Une invisible musique semblait l’accompagner, la traduire, l’exprimer tout bas.

Je la suivais, l’âme découragée. S’adossant à un chêne, elle fit une pause.

Longtemps elle se tint debout contre l’arbre dont le feuillage pleuvait autour d’elle. Sachant qu’elle avait besoin de silence, je me tus.