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Je lui tendis les bras. Je voulus l’emprisonner toute dans mon étreinte. Elle serait mienne… mienne enfin. Son cœur répondrait à mon cœur. Ses yeux répondraient à mes yeux acharnés. Peut-être s’abandonnerait-elle, consentante…

Mais elle glissa entre mes mains, se déroba, comme une fugitive ondine…

Et, triste de mon impossible désir, je la considérai.

Sa robe verte coulait autour de son corps fluide. Les plis glauques ondoyaient au soleil. Elle paraissait vêtue de remous.

« M’échapperas-tu éternellement, Lorély ?

— Peut-être… »

Les mots indécis ruisselèrent dans le silence. Des sanglots me montèrent à la gorge.

« Ne pleure point, » ordonna-t-elle. « Songe à la laideur des larmes. »

Elle rompit un roseau et le mit entre mes doigts.