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Une prescience obscure me dicta ces mots :

« Je t’aime et j’ai déjà la certitude que tu ne m’aimeras jamais. Pourtant, je ne crains pas de t’aimer. Tu es la souffrance merveilleuse qui fait mépriser le bonheur. »

J’ajoutai, devant le silence de Lorély :

« Je t’ai vue aujourd’hui pour la première fois et je suis déjà l’ombre de ton ombre. Je serai ce que tu feras de moi.

— J’aime ton amour, » murmura Lorély. « J’ai peur de te comprendre, et je tremble de t’attirer irrémédiablement. Mes illusions sont de pauvres clowns qui se regardent grimacer à travers leurs larmes… Je voudrais tant t’aimer ! t’aimer dans mes moments de silence, qui s’éterniseraient enfin ! Ne vois-tu pas comme je pleure de mes joies et comme je ris de mes tristesses ? »

Il y eut entre nous une pause.

« Mon amour est assez grand pour rester so-