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Bizarrement adoucis, et pourtant aigus comme deux flammes d’azur, les yeux de Lorély s’appuyèrent tour à tour sur toutes ces jeunes filles. Et les yeux de Lorély prenaient, en se posant sur chacune d’elles, une expression différente.

« Laquelle d’entre elles aimez-vous ? » osai-je interroger, tout bas.

« Je les aime toutes, » répondit Lorély. « Mais j’aime chacune d’elles d’une tendresse dissemblable. N’est-ce pas qu’elles sont belles, diversement ?… Celle-ci est un vivant tableau du nouvel art. Comme ses lèvres sont assoiffées de baisers inconnus ! Tout son être est avide. Vois, elle est insatiable à l’égal d’un vampire. Son teint vert méprise le fard. On ne l’oublie point. Qui l’effleure la sent toujours… »

J’admirai l’exquise pâleur un peu verte qui méprisait le fard.