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dégagea ses mains de mes mains acharnées à les retenir, et disparut au fond du crépuscule, qui l’enveloppa comme un voile…

Peu à peu, l’ombre s’illuminait d’un équivoque sourire… C’était Lorély, la fleur de Séléné, l’éternelle tentation féminine. Une cruauté ambiguë aiguisait les lueurs d’acier de ses regards. Je crus que ces deux femmes étaient les deux archanges du destin : Lorély, l’archange pervers, Éva, l’archange rédempteur… Lorély, parfumée de poisons, parée d’aconit et de belladone, Éva, portant au front une rouge auréole de martyre, effeuillant sous ses pas les lys expiatoires…

Je prononçai tout haut, en invoquant je ne sais quelles invisibles présences :

« Choisir…

— Ne choisis jamais, » interrompit une voix androgyne qui répondait à mon hésitation. « On regrette toujours ce qu’on n’a pas choisi.