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ma gaieté tomba avec elle. Nous rentrâmes par une avenue de chênes séculaires.

« J’ai presque peur de ces arbres, » frissonna Dagmar. « Ils sont plus hauts que la voûte d’une cathédrale gothique. J’aurais peur, j’aurais tout à fait peur, si tu n’étais pas là… »

Elle se blottissait contre moi, en un geste frileux. J’aurais voulu l’emporter très loin, l’étendre sur un lit étroit et doux autant qu’un berceau, et couvrir de baisers ses fragiles pieds nus.

« N’êtes-vous point lasse, Dagmar ?

— Oui… J’ai tant regardé les fusées que je me sens lasse enfin… »

Le rire lumineux de ses prunelles démentait ses paroles. Nous nous assîmes sur un banc de marbre.

Je me rapprochai de Dagmar.

« Jolie, ah ! trop jolie, pourquoi ai-je tant d’angoisse en vous aimant ? »