Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.

larmes aux yeux. Ah ! crains de les tarir, ces larmes, de me rendre incapable même de te pleurer ! En vérité, chaque être devient pareil à l’apparence que notre obstination se forme de lui. Crains, à force de ne pas me comprendre, de me rendre incompréhensible, à force de me reprocher mes cruautés, de me rendre cruelle, à force de me blâmer de mon indifférence, de me pétrifier. Une pensée nous fait tant de mal, — et ce que tu penses de moi me fait plus de mal que tu ne te l’imagines, plus que je ne le sais moi-même.

Se peut-il que tout soit ainsi consommé ? Et ne chercheras-tu désormais que de banales amours, afin d’oublier la passion à laquelle tu sacrifiais toute ton existence ?

En piétinant tes dieux brisés par tes mains, qu’espères-tu ? Leur grâce mutilée te hantera toujours. Jamais ton faux bonheur n’égalera le dégoût que tu auras de toi-même.