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tressaillir. Je reconnus Dagmar, une petite poétesse que j’avais admirée jadis pour son coloris délicat de vieux Saxe. Ses cheveux bouclés l’auréolaient d’une grâce enfantine, et ses yeux, au bleu puéril, s’ouvraient largement, comme extasiés d’un conte de fées.

« Que vous êtes sombre, par ce beau soleil ! » sourit-elle de ses lèvres claires.

« La joie des autres attriste mon égoïsme, Dagmar. »

Elle me considérait avec compassion.

« Et Lorély ? Vous étiez, il y a un an, son chien de garde, soit dit sans vous blesser.

— Oh ! ne craignez point… J’ai toujours eu le culte de l’absurde. Je n’ai point oublié Lorély : c’est Lorély qui a perdu le souvenir de ma modeste existence.

— Vous avez dû beaucoup souffrir. Vous n’avez plus le même visage. J’ai hésité un moment avant de vous reconnaître. Je suis très