Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1905.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

J’errais dans un champ très vaste, encerclé par un fleuve immobile. Des nénuphars dormaient sur les flots. Ces nénuphars étaient blancs et larges ouverts. Ils répandaient autour d’eux une odeur de sommeil. Je m’arrêtai pour cueillir les narcisses des prés qui blondissaient délicatement, pareils à de petits lys jaunes. Des crocus et des primevères blêmissaient aussi dans ce champ où il n’y avait ni cigales ni abeilles.

Je ne vis point d’arbres ni de collines à l’horizon. Je ne vis que ce vaste champ d’herbe pâle où fleurissaient les narcisses des prés et les primevères.

Autour de moi s’épandait un silence recueilli, et qu’on eût dit tissé de souvenirs. Le jour était faible, mais persistant. Une brume s’accrochait à l’horizon, telle une immense toile d’araignée.

Soudain, de petites vapeurs se formèrent sur