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chantante miroitait dans l’ombre, et leurs yeux songeaient en la contemplant. Les joueuses de guzla endormaient moins harmonieusement leur immuable rêverie. Parfois, les princesses modulaient une mélopée bizarre, et leurs voix dominaient la musique de la fontaine.

Leurs regards, tout ensemble proches et lointains, se cherchaient à travers une brume de fraîcheur. Mais la fontaine les séparait plus efficacement l’une de l’autre que toutes les portes du palais. La fontaine leur semblait l’obstacle infranchissable. Elles se souriaient à travers la brume d’eau… Jamais, elles n’osèrent s’asseoir l’une près de l’autre et se prendre les mains. Et elles moururent sans détruire dans leur âme le charme infini du désir et du regret.