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Les quinze jours qui suivirent ma première rencontre avec Lorély ne furent qu’une stupeur extatique, un éblouissement enchanté. Et pourtant je savais qu’elle ne m’aimait point, que je me trompais comme elle s’était trompée aussi.

Ce n’est point sa faute si elle n’a pu m’aimer. Ce n’est point non plus la mienne. Ne la blâmez pas, puisque moi-même je ne la blâme point.

Je hais la vie. Je ne sais ni comment ni pourquoi j’existe encore.

Tout ce que j’écris est inutile, faible, impuissant : impuissant comme ma pensée, faible comme mon cœur, inutile comme ma vie.

Je me réjouis au souvenir de la fin d’Ione. Je triomphe de la certitude de son repos. Elle ne souffre plus de l’oppression d’exister, elle n’est plus qu’un parfum errant au fond de la nuit, un peu de sève dans un brin d’herbe…

La douleur ! Ah ! la banalité, la monotonie de la douleur ! Elle est vulgaire, puisqu’elle appar-