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la tête de mort qu’elle broyait à la manière des chiennes affamées, et me sourit de ses dents rouges…

Le sirocco m’emportait, tourbillon de sable brûlé et de poussière jaune, emplissant mes poumons meurtris. Le sable et la poussière m’étouffaient, m’aveuglaient, m’ensevelissaient…

Ce fut ensuite un paysage puérilement artificiel, qui évoquait les illustrations anglaises des contes de fées norvégiens ou allemands. Des arbres vernissés aux feuillages peints s’alignaient de chaque côté d’une allée plus lisse qu’une chevelure de petite fille…

Et je me trouvai devant le cadavre de Lorély… Lorély flottait sur un marais stagnant. Les seins blêmes étaient deux nénuphars. Les yeux révulsés me regardaient… Elle flottait, les cheveux mêlés d’iris et de roseaux, comme une perverse Ophélie. Et, de ses yeux sans regards, elle me contemplait éternellement…