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« Car les morts ont perdu le souvenir cruel de l’amitié qui, jadis, trompa, et de l’amour qui, jadis, trahit… »

Lorély et Nedda n’écoutaient point la récitante. Toutes deux, s’étant glissées parmi le cercle qui entourait la poétesse, demeuraient pourtant isolées dans leur félicité attendrie. Je compris qu’elles garderaient ainsi autour d’elles, au milieu de la foule la plus bruyante, une amoureuse solitude.

Les blonds cheveux de Lorély, déroulés, se mêlaient aux cheveux bruns de Nedda. Les yeux bruns de Nedda s’abîmaient dans les yeux bleus de Lorély. Hors du monde, leurs âmes s’épousaient.

… J’eus la vision d’un étang sur lequel sommeillaient des nénuphars léthéens. Le soleil disparaissait à l’horizon. Et l’éternité semblait ensevelie au fond de cette eau morte…