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Ce fut un rayonnement de chair immaculée. Je ne vis jamais forme féminine plus parfaitement liliale. Le clair de lune épousait avec amour cette pâleur tiède.

Je m’agenouillai… Une passion très pure m’illuminait sereinement. La beauté de Lorély était absolue : elle transfigurait le désir et l’exaltait jusqu’à l’adoration mystique.

Autour de nous, le silence se recueillait. Les lys jetaient vers Lorély leurs parfums véhéments. Nous étions, elle et moi, debout sur le seuil de l’infini. Elle était la prêtresse qui, peu à peu, se substitue à l’idole indifférente… Elle était la prêtresse divinisée. Et moi, disciple fidèle, j’étais l’âme choisie entre toutes pour l’adorer éternellement. Une lumière nous isolait de l’univers. Les siècles passeraient sans me distraire de ma contemplation, sans me ravir ma félicité : les siècles légers passeraient sur mon front oublieux. Et, prêtresse