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UNE FEMME M’APPARUT…

tombent jusqu’à terre. On y contemple des oliviers qui ont la couleur des vagues au crépuscule, et l’on y respire d’inexprimables aromes d’orangers en fleurs. Dans les montagnes, l’herbe est bleue de violettes. De grands lits d’algues empourprent la mer. Le soleil y est si puissant qu’il dissipe tous les maux. Viens oublier là-bas… Je te guérirai, je serai, comme autrefois, ta Consolatrice. Viens là-bas… »

Il me semblait que toutes les étoiles s’éteignaient à la fois dans une nuit misérable. Quitter Vally, ne fût-ce que pour quelques semaines ! Je souriais presque à la folie de cette pensée.

L’image trop désirable se dressait au fond du soir. Je contemplais, en un décor de souvenir, les cruels cheveux blonds et les cruels yeux bleus qui me rendaient si faible et si lâche.

Je voulus refuser avec tendresse l’offre amicale, mais je vis dans les prunelles d’Ione une si éperdue supplication que je n’osai formuler la phrase définitive.