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UNE FEMME M’APPARUT…

bliablement tristes et tendres. Il me sembla que dans ses prunelles s’exprimait l’aveu de sa pensée mystérieuse. Je m’efforçai de déchiffrer son regard, mais ma raison s’y perdait, comme en un abîme.

« Je t’en prie, » murmurait sa voix très basse, « comprends-moi. Devine ce que je ne puis encore te dire. Devine-moi et comprends-moi. »

Déjà mon geste impuissant lui répondait :

« Je ne puis deviner, Ione. Je ne puis comprendre. Aide-moi. »

Elle secoua lentement et doucement la tête, d’un air de regret infini. Quel verbe aurait pu traduire le mystère de sa pensée ?

« Parlons d’autre chose. Tu n’es plus l’être d’autrefois, si follement utopique, si épris d’idées et de chimères. Tu as renoncé à tout ce qui faisait jadis ta joie et ta fierté. Tes yeux sont deux lacs morts et ne revivent que lorsqu’ils rencontrent les yeux de Vally. Lorsqu’elle est auprès de toi, tu ne vois que son visage, tu n’entends que ses paroles, et, lorsqu’elle est loin, tu la