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UNE FEMME M’APPARUT…

Nous allâmes, dans un vaste collège de femmes, où quelques hommes d’étude et de travail étaient seuls admis. C’était toute une ville sacrée, une ville d’effort et de méditation. Ces jeunes filles se préparaient à la lutte future, ou élaboraient, pour leur contentement, un infini de rêves studieux. La joie de l’esprit, mille fois plus poignante que la joie de la chair, éclairait inexprimablement ces francs visages. Une quiétude s’exhalait des murs remplis de bourdonnements laborieux, qui faisaient songer à des ruches.

Celui qui n’a point passé dans le Nouveau Monde le divin mois d’octobre, ignore la splendeur de l’automne. Ce fut devant moi une flamme de couchant universel. Les forêts brûlaient ainsi que des bûchers ensanglantés, les ors et les bruns étaient d’une intensité de songe. De minuscules serpents, plus verts que des émeraudes en fusion, dormaient parmi la poussière des routes, et s’animaient soudain, telles des branches vivantes.

Il y avait aux environs de la ville, à la fois