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UNE FEMME M’APPARUT…

Je t’aime parce que tu vas mourir.

Ta lassitude m’enchante et ta faiblesse me ravit… Quelqu’un doit assurément t’attendre, dans les tombeaux.

Car tu sais, comme moi, que les Mortes, assises au fond de leur sépulcre, attendent celles qu’elles ont aimées. Elles les attendent fixement, sans angoisse et sans impatience, en une immobilité épouvantable…

Quelqu’un doit assurément t’attendre dans les tombeaux…

Les Mortes enroulent leurs doigts autour des racines, espérant la venue de leurs amies et de leurs compagnes. Et parfois, à travers leurs paupières closes, elles comptent les années…

Je t’aime parce que tu vas mourir.

Lorsque tu seras morte, ô ma Dame d’automne ! tu m’attendras, assise sur les dalles de marbre lépreux. Tu souriras aux taches de moisissure qui prennent des formes imprévues, des contours étranges, et qui, parfois, comme les nuages, revêtent la figure des choses terrestres… Lorsque tu seras morte, tu m’attendras, comme celle qui,