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UNE FEMME M’APPARUT…

tée. Les notes tressaillaient sous les mains voluptueuses qui les frôlaient avec une insistance légère.

« À mon regret inlassable, je ne suis point musicienne, » soupira-t-elle. « La Musique n’est pour moi qu’une évocation. Et pourtant, comme la Mer, elle est l’Infini… La Musique est une suggestion. Je me souviens de quelques strophes en prose que m’a dictées un nocturne morbide de Chopin. »

Elle s’accompagna en parlant, d’une mélodie tourmentée et pareille aux battements brisés d’un pouls de fiévreuse.


Je t’aime parce que tu ressembles à l’automne et au soleil couchant. Je t’aime parce que tu es malade. Je t’aime parce que tu vas mourir…

Je t’aime aussi parce que tu as les cheveux roux et les yeux verts et parce que tu es frêle et triste. Tu as l’infléchissement d’une fleur agonisante. Ta voix est mélancolique à l’égal des souffles d’octobre qui soulèvent les feuilles mortes…