Dans la crainte de la voir s’évanouir, je n’osai réfléchir à cette douceur nouvelle et si fragile. Je n’osai m’avouer à moi-même la joie incertaine qui me ravissait. Je n’osai aller vers la maison de Dagmar, et ce ne fut point avant le couchant que je trouvai le courage de frapper à sa porte.
Elle était debout sur le perron, les yeux hypnotisés par le couchant somptueux.
« Voyez ces nuages, » s’écria-t-elle. « Ils sont pareils à des rois très puissants et très pieux, qui apportent des vases d’or et des ciboires éclairés de pierreries afin de parer les autels.
— Vous êtes une princesse-fée, » lui dis-je, « une princesse qui chante en jouant avec les opales de son collier. Elle aime ses opales, qui sont des reflets d’arc-en-ciel entre ses doigts. En attendant le Prince inconnu, elle s’endort toutes les nuits aux sons d’une invisible harmonie que font murmurer autour d’elle ses rieuses petites sœurs, les Fées ! »
Dagmar, en égrenant ses opales, attisait capricieusement leurs flammes incertaines.