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ENSEIGNEMENT


On les craint, on les chasse, on ne les aime pas.
Elles ont fui l’auberge et le commun repas.
Elles n’ont point compris, on ne les comprend pas.

Cependant, elles sont très simples… On doit naître…
Pour les comprendre, il faut quelque peu les connaître,
Et savoir qu’elles ont le droit d’être et de naître…

Chacun parle très haut et du bien et du mal.
Ces êtres-là n’ont que le tort d’être anormal,
Leur cœur inoffensif n’a point conçu le mal.

Mais ces femmes sont les maudites étrangères.
Car dans un monde épais, leurs âmes sont légères,
Et ses lois leur seront à jamais étrangères.

Elles touchent à peine, — et si peu ! — le sol franc.
Elles n’aiment que le tout noir ou le tout blanc
Ou la nuance dont le reflet n’est pas franc.

Par leurs regards, par leurs sourires équivoques,
La pourpre sombre et l’or terne des vieilles loques
Revêtent, sur leur corps, des splendeurs équivoques.