Page:Vivien - Sillages, 1908.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
MALÉDICTION SUR UN JARDIN


Vienne le vent mauvais qui tuera ces jasmins
Qu’elle cueillit hier, en songeant, de ses mains
Qui restaient pâles dans la pâleur des jasmins.

Que monte la marée invincible des herbes
Furieuses autant que les vagues acerbe,
Sans nombre, comme la multitude des herbes.

Et que ce flot tenace étrangle les grands lys
Pareils à sa blancheur et qu’elle aimait jadis !
C’est presque la tuer que de tuer ses lys.

Je saluerai le flot hostile de ces ronces
Dont l’accueil est pareil à de rudes semonces,
Et je bénis le mal infligé par ces ronces.

Jardin, pourquoi serais-tu beau, jeune et charmant,
Toi qui ne reçois plus mes pas fiévreux d’amant,
Et qui n’abrites plus son jeune corps charmant ?