Page:Vivien - Sapho, 1903.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
sapho

Euneika trop belle et Gurinnô trop tendre,
Anactoria, qui passais autrefois,
Lorsque je mourais de te voir ou d’entendre
Ton rire et ta voix,

Dika, dont les mains souples tissent les roses,
Et qui viens offrir aux Déesses les fleurs
Neigeant du pommier, ingénument décloses,
Parfums et pâleurs,

Pour vous j’ai rythmé les sons et les paroles,
Pour vous, j’ai pleuré les larmes du désir,
J’ai vu près de vous les ardentes corolles
Du soir défleurir.

Triste, j’ai blâmé l’importune hirondelle ;
Par vous, j’ai connu l’amer et doux Erôs,
Par votre beauté je devins immortelle,
Vierges de Lesbôs.