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À L’HEURE DES MAINS JOINTES

 

« Laisse-moi, me hâtant vers le soir bienvenu,
Rejoindre celles-là qui ne t’ont point connu !

« Psappha, les doigts errants sur la lyre endormie,
S’étonnerait de la beauté de mon amie,

« Et la vierge de mon désir, pareille aux lys,
Lui semblerait plus belle et plus blanche qu’Atthis.

« Nous, le chœur, retenant notre commune haleine,
Écouterions la voix qu’entendit Mytilène,

« Et nous préparerions les fleurs et le flambeau,
Nous qui l’avons aimée en un siècle moins beau,

« Celle-là sut verser, parmi l’or et les soies
Des couches molles, le nektar rempli de joies.

« Elle nous chanterait, dans son langage clair,
Ce verger lesbien qui s’ouvre sur la mer,

« Ce doux verger plein de cigales, d’où s’échappe,
Vibrant comme une voix, le parfum de la grappe.