« Moi, je n’écoutai plus que la voix que j’aimais,
Ayant compris que nul ne comprendrait jamais.
« Pourtant, la nuit approche, et mon nom périssable
S’efface, tel un mot qu’on écrit sur le sable.
« L’ardeur des lendemains sait aussi décevoir :
Nul ne murmurera mes strophes, vers le soir.
« Vois, maintenant, Seigneur, juge-moi. Car nous sommes
Face à face, devant le silence des hommes.
« Autant que doux, l’amour me fut jadis amer,
Et je n’ai mérité ni le ciel ni l’enfer.
« Je n’ai point recueilli les cantiques des anges
Pour avoir entendu jadis des chants étranges,
« Les chants de ce Lesbos dont les chœurs se sont tus.
Je n’ai point célébré, comme il sied, tes vertus.
« Mais je ne tentai point de révolte farouche :
Le baiser fut le seul blasphème de ma bouche.
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AINSI JE PARLERAI…