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SILLAGES


Puisqu’on y voit des ciels et des aspects nouveaux,
Tous les pays que l’on ne connaît pas sont beaux.

Les paysages sont changeants comme les nues.
Qui dira la splendeur des terres inconnues ?

je me souviens qu’au fond des soirs lents et songeurs
Je lisais les très beaux récits des voyageurs.

Ils avaient vu là-bas tant d’admirables choses !
Leurs morts s’illuminaient, rouges apothéoses.

Je les envie. Et je m’abandonne, comme eux,
Aux perfides courants des fleuves hasardeux.

Qu’on détache l’amarre et qu’on hisse les voiles
Dès que s’allumeront les premières étoiles !

Le ciel est doux, l’heure est favorable. À mon tour,
J’irai vers ces pays de terreur et d’amour.

Et je dis mes adieux aux choses familières,
Aux doux prés, aux maisons, à leurs bonnes lumières.