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SILLAGES


Te souviens-tu des hauts trépieds et de leurs flammes ?
De la voix d’Eranna, s’élevant vers la nuit,
Pour l’hymne plus léger qu’une aile qui s’enfuit,
Mais que ne perdra point la mémoire des femmes ?

Ouvre ta bouche ardente et musicale… Dis !
Te souviens-tu de ta maison de Mytilène,
Des cris mélodieux, des baisers dont fut pleine
Cette demeure où tu parus et resplendis ?

Revois la mer, et ces côtes asiatiques
Si proches dans le beau violet du couchant,
Que, toi, tu contemplais, en méditant un chant
Sans faute, mais tiré des barbares musiques !

Le Léthé peut-il faire oublier ces vergers
Qui dorment à l’abri des coups de vent maussades,
Et leurs pommes, et leurs figues, et leurs grenades,
Et le doux tremblement des oliviers légers ?