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FLAMBEAUX ÉTEINTS


Mes rêves, défilant en lentes caravanes,
Mes grands rêves chargés du poids de tant d’espoirs,
S’en vont, au bruit lointain des cloches, dans les soirs,
Vers la maîtresse brune aux voiles diaphanes.

Orientalement immuable, elle attend
Sans rêve et sans désir, comme font les sultanes,
Et peut-être, entendant passer mes caravanes,
Ses yeux les suivront-ils dans leur marche, un instant.

Des palmiers surchargés de dattes, de bananes,
M’attendent en l’espace aux rares tamaris,
J’y connaîtrai l’espoir déçu de l’oasis
Que cherche vainement la soif des caravanes.

Mais je sais que là-bas, loin des ferveurs profanes,
Beauté captive aux longs loisirs pleins de regret,
Ma Sultane repose en ce palais sacré
Où mes rêves s’en vont, comme des caravanes.