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LA LUNE S’EST NOYÉE…


Comme pour un festin, elle s’était parée,
Elle s’était parée avec ses colliers d’or.
Un hibou, s’élevant dans un craintif essor,
La frôla doucement de son aile égarée.

La Lune s’inclina. Telle aux soirs de jadis,
Aux longs soirs de jadis tremblants sur l’eau dormante,
Elle mirait son front capricieux d’amante…
Et soudain j’entendis un froissement d’iris,

J’écartai les roseaux frémissants et tenaces,
Tenaces à l’égal de frêles bras liés.
La Lune reposait, avec ses beaux colliers.
Au loin, se répandait un thrène de voix basses.

La Lune diffusait une faible splendeur,
Une splendeur mourante, au fond des herbes glauques.
Et voici que, soudain, ayant tu ses chants rauques,
Un crapaud se posa froidement sur son cœur.