Page:Vivien - Poèmes, 1909.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
À L’HEURE DES MAINS JOINTES


Dans la foule criant son aigre convoitise
Une femme me vit et me tendit la main,
Mais, emportée ailleurs par l’appel d’une brise,
Celle-là disparut au tournant du chemin.

Je chantais franchement : ainsi chantent les pâtres.
Autour de moi, le bruit de la ville cessait,
Et, comme le couchant jetait ses lueurs d’âtres,
Je vis que j’étais seule et que le jour baissait.

Je me mis a chanter sans témoins, pour la joie
De chanter, comme on fait lorsque l’amour vous fuit,
Lorsque l’espoir vous raille et que l’oubli vous broie.
La harpe se brisa sous mes mains, dans la nuit.