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À L’HEURE DES MAINS JOINTES


Écoute. Tu le sais, ô charme de mes heures !
Les premières amours ne sont pas les meilleures.

Cet irritant baiser qui me rongeait la chair
Mordait plus âprement que le sel de la mer.

Ton rêve se marie au mien lorsque je pense,
Et jamais je ne fus tranquille en sa présence.

Flatteuse, elle savait m’entourer de ses bras,
Mais bientôt je compris quelle ne m’aimait pas.

Et je sus m’arracher au piège de sa grâce.
J’ai pleuré très longtemps… Malgré soi l’on se lasse.

Ma vie était pareille aux printemps défleuris.
Je me suis dit un soir : « Mes yeux se sont taris. »

Ainsi, je reconnus que son cœur était double,
Si bien qu’enfin je pus la contempler sans trouble.

J’évoque sans regret ces beaux jours très anciens,
Plus menteurs et plus doux que les songes païens,