Page:Vivien - Poèmes, 1909.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
À L’HEURE DES MAINS JOINTES


Dans le jardin où nul ne promène jamais
Son importun loisir et sa mélancolie,
Parmi les fleurs sans fraîche odeur, et qu’on publie,
Taisons-nous, comme au temps lointain où je t’aimais.

Assises toutes deux, amèrement lassées,
Sous les vieux murs que les brouillards lents font moisir,
Et n’ayant plus en nous l’espoir ni le désir,
Évoquons la douceur des tristesses passées.

Ici, les jeunes pas se font irrésolus,
Ici, l’on marche avec des fatigues d’esclave
En goûtant ce qu’il est de tristement suave
À sourire en passant à ce qu’on n’aime plus.

Puisque ici l’herbe seule est folle et vigoureuse,
Attardons-nous et rassemblons nos souvenirs,
Te souviens-tu des soirs dorés, des longs loisirs,
Et des contentements de ton cœur d’amoureuse ?