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LES KITHARÈDES


Le Temps détruira les Dieux, mais le Temps même
Ne changera pas ton sourire d’airain :
Tu sais opposer à l’Ananké suprême
Ton mépris serein.

Ô toi l’invaincue, ô toi l’inaccessible,
Tes paupières ont le doux pli de la mort ;
Tu sembles rêver, telle en son lit paisible
La vierge qui dort.

Tes tempes sans fleurs ont dédaigné la palme.
Le couchant a moins de paix que ton orgueil,
Et le rocher moins de grandeur et de calme
Que ton grave seuil.

Semblable à la nuit où s’éteignent les flammes
Et les roux éclairs de l’astre révolté,
Enseigne aux héros l’endurance des femmes
Et leur loyauté.