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ÉRANNA

dement les très puissants guerriers qui combattent armés d’une lance, afin que, [pareille à la moisson] aux beaux épis de Déméter, tu rassembles ta moisson d’hommes.


Fille de l’Arès, Constance belle et rude,
Tes yeux, où l’effroi du passé brûle encor,
Sont pareils aux yeux noirs de la solitude
Sous ton réseau d’or.

Dans un ciel massif tu demeures, mortelle,
L’Infini dans tes regards extasiés,
Que Sélanna règne ou que Phoibos attelle
Ses fougueux coursiers.

Un pâle troupeau d’âmes crépusculaires,
Réprimant les pleurs et les lâches sanglots,
T’obéit, ô toi qui brises les colères
Lascives des flots.

Tu vois sans terreur la tempête qui fume
Et le sang futur empourprer le Levant,
Toi qui sais dompter le tonnerre et l’écume
Et le cri du vent.