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LES KITHARÈDES

Une tendresse inoubliable s’exhale de ces phrases brèves, une tendresse enveloppante comme une étreinte et délicate à l’égal d’une caresse. Éranna s’attarde avec des inflexions très douces sur l’adieu et sur le souvenir. Toute sa jeune âme suit l’Absente, Myrô, l’Amie aux mains frêles.

Lorsque la Mort l’épousa, ce fut une lamentation universelle autant que les lamentations sur Adonis. Ses compagnes répétèrent en sanglotant :

Οἴαν τὰν ὑάκινθον ἐν οὔρεσι ποίμενες ἄνδρες
πόσσι καταστείβοισι, χάμαι δ’ἐπιπορφύρει ἄνθος
[1].

L’Abeille parmi les faiseurs d’hymnes fut peut-être cette vierge que célèbre Psappha : Telle une douce pomme rougit à l’extrémité de la branche, à l’extrémité lointaine : les cueilleurs de fruits l’ont oubliée, ou, plutôt, il ne l’ont pas oubliée, mais ils n’ont pu l’atteindre.

Éranna, dont le nom prédestiné signifie aimable, fut entre toutes belle et charmante. Je l’évoque, blonde comme ces Eupatrides dont la forme fut pareille à des fleurs d’or. Elle fut une statue chryséléphantine. Psappha l’appelle une vierge à la voix douce.

Beaucoup plus mélodieuse que le paktis, plus dorée que

  1. Ainsi, sur les montagnes, les pâtres foulent aux pieds l’hyacinthe, et la fleur s’empourpre sur la terre.